Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/331

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qui fait que nous distinguons la voix d’un homme de celle d’un autre, bien qu’ils prononcent tous deux la même voix, avec la même force, la même articulation, et le même ton ; de même que dans un son musical, nous reconnaissons qu’il est produit par deux instrumens de différente espèce, ou même par deux instrumens différens de la même espèce, bien qu’ils soient parfaitement à l’unisson, et que toutes les autres circonstances paraissent exactement les mêmes. Ce sentiment si fin de notre sens auditif, on ne peut nier qu’il n’existe, et qu’il ne soit fondé sur des impressions encore plus délicates, que celles qui nous font distinguer les voix, et même les tons. Je ne rechercherai point ici quelles sont les propriétés physiques, de l’organe de la voix et de l’organe de l’ouïe, qui en sont la cause : et je crois bien qu’il n’est au fond que le résultat d’une multitude, de petites différences inapperçues mais senties, dans les qualités du son que nous avons déjà examinées.

Je le crois d’autant plus que souvent l’émission d’un seul son ne suffit pas pour le faire naître, et que quand plusieurs se succèdent, il ne manque pas de se manifester. D’ailleurs,