Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/340

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de détails anatomiques qui la confirmeraient, mais il me suffit de dire que je ne conçois pas plus un son dépourvu d’une manière quelconque de commencer à nous affecter, que je ne conçois ce qu’il serait, dépourvu de toute voix ou de tout ton quelconque ; et je crois que tout le monde est comme moi.

J’observe en finissant que l’articulation est de toutes les qualités, de toutes les circonstances de son, celle sur laquelle l’habitude a le plus d’influence, et qui acquiert le plus de variétés et de perfectionnemens, par l’effet de l’usage et de l’exercice ; parce que c’est celle qui dépend d’un plus grand nombre de mouvemens organiques. On remarque dans toutes les langues naissantes, peu de consonnes différentes, et un usage rare de ces consonnes ; elles sont toutes en voyelles, et en voyelles fortement prononcées, fortement aspirées.

Ces aspirations véhémentes, ces articulations gutturales sont d’autant plus fréquentes, que l’organe est moins assoupli, et que les autres articulations, labiales, linguales, dentales, palatales, etc., sont plus pénibles, et plus rares. Ces langues sont articulées d’une manière rude et uniforme par