Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/375

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exclusivement à un idiôme, et ne se retrouvent jamais dans les autres.

Nos alphabets sont tous formés sur les principes de celui que je viens de décrire ; mais ils ne sont ni si complets ni si réguliers. La raison en est simple, ils n’ont point été composés d’après une analyse réfléchie de la parole, comme on s’est plu à l’imaginer. Leurs premiers élémens sont dus à des observations grossières et imparfaites. On y en a ensuite ajouté d’autres, à mesure qu’on en a senti le besoin. Souvent même on en a emprunté à des alphabets différens, quand on adoptait des mots d’une langue étrangère ; ou on a changé la valeur des caractères dont on se servait, pour imiter l’usage qu’en faisait un autre peuple.

Par-là, ces alphabets sont devenus un assemblage fortuit de pièces de rapport prises çà et là, et réunies sans plan, sans vues et sans systême.

Tantôt un caractère manque, et on en réunit plusieurs pour exprimer une seule voix ou une seule articulation ; tantôt le même caractère a successivement plusieurs valeurs. Quelquefois une voix ou une articulation n’ont point de signes ; d’autres fois