Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/377

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quoique souvent elles multiplient les signes sans utilité comme sans motif.

Aussi, l’abbé d’Olivet est-il obligé de convenir que, on ne saurait envoyer une phrase de conversation à Montpellier ou à Bordeaux, et faire qu’elle y soit prononcée, syllabe pour syllabe comme à la cour. ce sont ses propres termes. Que serait-ce, s’il s’agissait d’envoyer cette même phrase dans un autre pays de l’Europe, ou même dans une autre partie du monde ? Nous n’avons donc réellement pas une peinture fidèle de la parole ; nous n’en possédons qu’un croquis informe, où il est difficile et même impossible de la reconnaître.

Si on en veut une preuve plus forte encore que l’aveu du savant académicien, on n’a qu’à ouvrir un de nos dictionnaires. On y verra que très-souvent, après avoir écrit un mot, on nous dit, ce mot se prononce de telle manière : et pour figurer la façon dont il doit être prononcé, on le récrit avec d’autres caractères, qui souvent le figurent encore fort mal, au moins pour un étranger.