Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/400

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ne considérons dans les signes de nos idées, que le moyen d’accroître et d’épurer nos connaissances, d’arriver à la vérité, et d’éviter l’erreur, nous regarderions comme parfait un langage, de quelque nature qu’il fût, pourvu qu’il atteignît ce but. Ainsi, nous considérons notre sujet sous un point de vue à-la-fois plus général et plus restreint. Pour nous, une langue serait parfaite, de quelques signes qu’elle fût composée, si elle représentait nos idées d’une manière commode, précise, exacte, et de façon qu’il fût tellement impossible de s’y méprendre, qu’elle portât dans la déduction des idées de tout genre, la même certitude qui existe dans celle des idées de quantité. Voilà ce qu’est pour nous la perfection en fait de langues ; voilà celle qui serait pour nous d’un prix inestimable.

Cette manière de la définir suffit seule pour montrer qu’elle est impossible à atteindre : car nous avons vu chap 17, de l’idéologie, que l’incertitude de la valeur des signes de nos idées est inhérente, non pas à la nature des signes, mais à celle de nos facultés intellectuelles ; et qu’il est impossible que le même signe ait exactement la