Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/411

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toutes ces précautions prises en faveur de sa clarté, de son exactitude, et de la facilité de l’apprendre et de ne point manquer à ses règles, j’ajouterais encore que l’on ne s’y permettrait jamais plusieurs locutions différentes pour présenter la même idée, ni aucuns de ces tours irréguliers qu’on appelle dans nos langues vulgaires, des idiotismes ; qu’on en bannirait avec scrupule les hyperboles, les allusions, les demi-réticences, les fausses délicatesses, les tropes, les divers emplois d’un même mot ; que toujours un signe avertirait quand ce mot est pris au sens propre ou au sens figuré ; enfin, que l’on apporterait dans le style, le même esprit d’exactitude qui aurait présidé à la composition des mots, et aux lois de la syntaxe.

Voilà comme je conçois qu’une langue pourrait approcher de la perfection, dans l’expression et la déduction de nos idées.

Encore une fois, je n’ai pas l’espérance que ce rêve puisse jamais se réaliser. Je ne l’ai décrit avec détail, que pour dégoûter des tentatives mal conçues, que je crois plus propres à écarter du but qu’à en approcher ; pour avoir une occasion de signaler toutes les causes qui contribuent à l’inexactitude