Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/43

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nos désirs, en un mot toutes nos idées ou groupes d’idées, sont tous différens entre eux : ainsi il faut, pour chacun d’eux, un signe différent ; ou s’ils n’en ont pas un qui leur soit exclusivement affecté, il faut que nous en réunissions plusieurs pour les exprimer, jusqu’à ce qu’ils soient complètement représentés. Nos jugemens au contraire, étant tous la même chose, le même signe les représente tous également ; il n’en faut qu’un pour tous les jugemens possibles. Nous verrons bientôt quel il est dans le langage oral, et s’il est distinct et séparé, ou confondu avec d’autres.

Secondement, pour exprimer une sensation, un sentiment, un désir, simples ou complexes, actuels ou passés, il suffit de les nommer, soit avec un seul signe, soit par le moyen de plusieurs réunis, comme nous venons de l’indiquer. Pour nos jugemens au contraire, cela ne suffit pas. Quand nous aurions un signe particulier uniquement destiné à représenter l’acte intellectuel qui consiste à juger, nous répéterions éternellement ce signe qu’il ne signifierait rien. Il marquerait que nous jugeons, mais il ne dirait pas ce que nous jugeons ; il n’indiquerait