Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/63

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un jugement énoncé. Aussi l’a-t-on souvent nommé mode énonciatif, mode judicatif. Ces propositions, je suis grand, vous êtes aimable, il danse bien, etc., sont évidemment des énoncés de jugement. Seulement on pourrait être tenté de mettre en question, s’il en est de même de celles-ci, je veux, vous souffrez, il desire et autres semblables, qui paraissent d’abord exprimer plutôt un sentiment qu’un jugement. Mais, avec un moment de réflexion, on sent que ces propositions n’expriment pas seulement ce sentiment, cette passion, comme si l’on prononçait les mots volonté, souffrance, desir ; mais qu’elles signifient que ce sentiment, cette passion sont jugés être dans un tel sujet. Ainsi elles sont des énoncés de jugemens, comme toutes les autres où entre ce mode.

Observons encore que cela est également vrai, soit que ce mode se trouve dans une proposition principale ou dans une proposition incidente. Toute la différence est que le sujet est un nom dans le premier cas ; et que dans le second, il est un pronom relatif, lequel se rapporte à un nom, qui est dans ce moment l’objet principal de l’attention.