Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un récit intitulé le Tapis volant, le bonnet invisible, la bague aurifère et le bâton assommeur, qu’en ses Contes des paysans et des pâtres slaves (Hachette, 1864), M. Alexandre Chodzko a traduit de Glinski. Ce récit, puisé dans les traditions orales des villageois ruthènes du district lithuanien de Novogrodek, pays natal de Mickiewicz, nous présente, non pas un château, mais tout un pays plongé par une punition céleste dans un profond sommeil.

Avec cette imagination slave qui aime le gigantesque et le démesuré, le conteur nous peint, sur la surface entière du royaume, « le laboureur tenant en l’air son fouet dont il allait frapper les bœufs ; les moissonneurs avec leurs faucilles surpris dans leur travail ; les pâtres à côté de leurs troupeaux endormis à mi-chemin ; le chasseur avec la poudre enflammée encore sur le bassinet ; les oiseaux suspendus dans leur vol, les animaux arrêtés dans leur course, les eaux assoupies dans leur cours, le vent solidifié en plein souffle… Pas un son, pas un bruit, fût-ce le plus léger ; aucune voix, aucun mouvement. Partout le calme plat, le sommeil, la mort… » Le tableau va ainsi s’assombrissant, et, quand tout renaît au son de la guzla autophone, on songe involontairement à l’île des paroles dégelées où Rabelais conduit son Pantagruel.

C’est sur le gracieux effet du château qui s’éveille, que Rose des bois, la Belle au bois dormant de