Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/169

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se garder du danger des rapprochements, des séductions de l’analogie.

Il serait tout aussi facile d’interpréter par un mythe solaire le roman moderne de Paul et Virginie que le vieux conte de Peau d’Ane ou celui du Petit Chaperon rouge. Virginie périt dans une tempête : quoi de plus naturel à première vue que de l’assimiler à une aurore qui, pour parler comme M. Husson, « se dérobe derrière la brume humide, échappant ainsi à la poursuite du soleil, » autrement dit de Paul ?

Il est bon de se souvenir que, dans un livre qu’on ne lit plus, l’Origine de tous les cultes, Dupuis a le premier ouvert la voie à ces aventureuses investigations, et qu’en se servant des mêmes procédés un plaisant a démontré avec la même évidence que Napoléon Ier est un mythe et n’a jamais existé que sous la forme d’un dieu solaire. Quand la science est grossie, gonflée par l’imagination, a dit quelqu’un, elle déborde et roule aux chimères[1].

Le Petit Chaperon rouge est un des rares contes (et le seul du recueil de Perrault) qui finissent mal,

  1. i. La méthode d’Ad. Kuhn est, j’aime à le reconnaître, beaucoup plus circonspecte et autrement exacte au point de vue philologique, mais jusqu’à présent son auteur ne l’a pas, que je sache, appliquée aux contes de Perrault. Voir les Mythes du feu et du breuvage céleste chez les nations indo-européennes, par F. Baudry, Revue germanique, t. XIV et XV (1861).