Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/20

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n’ont rien qui blesse absolument la vraisemblance. La fable de Psyché, écrite par Lucien et par Apulée, est une fiction toute pure et un conte de vieille, comme celui de Peau d’Ane[1]. Aussi voyons-nous qu’Apulée le fait raconter, par une vieille femme, à une jeune fille que des voleurs avoient enlevée, de même que celui de Peau d’Âne est conté tous les jours à des enfants par leurs gouvernantes et par leurs grand’mères. La fable du laboureur qui obtint de Jupiter le pouvoir de faire, comme il lui plairoit, la pluie et le beau temps, et qui en usa de telle sorte qu’il ne recueillit que de la paille sans aucuns grains, parce qu’il n’avoit jamais demandé ni vent, ni froid, ni neige, ni aucun temps semblable, chose nécessaire cependant pour faire fructifier les plantes, cette fable, dis-je, est de même genre que le conte des Souhaits ridicules, si ce n’est que l’un est sérieux et l’autre comique ; mais tous les deux vont à dire que les hommes ne connoissent pas ce qui leur convient, et sont plus heureux d’être conduits par la Providence que si toutes choses leur succédoient selon qu’ils le désirent. »

Remarquez que ces sujets, la Matrone d’Éphèse, Psyché, Jupiter et le Métayer, avaient été traités par La Fontaine longtemps avant que Perrault

  1. Perrault aurait pu ajouter que cette historiette, écrite il y a plus de sept cents ans, commence comme un conte de fées : Erant in quádam civitate rex et regina….