Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/345

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assez étroit pour que d’un bout à l’autre on y entende ce qui s’y dit même à voix basse. Habitue aux vastes salons du xviie siècle, Perrault ici s’est fourvoyé dans sa poursuite de la vérité.

Sur la foi d’une version plus brute, il a commis une faute plus grave en menant la mère au bois avec son mari pour perdre les enfants. En pareil cas une mère déclare, comme dans le conte patois, « qu’alle meurerὸ pitô qu’ de les mouënè po celet dains lo bos. Soutiendrez-vous que le conteur lorrain a corrigé Perrault en le traduisant ?

Poursuivons. Avec les dix écus du seigneur, l’homme et la femme chez Perrault commencent par se rassasier, après quoi la femme se met à geindre. L’homme seul « fait ripaille » chez Oberlin mieux renseigné ; la femme pleure et lui dit qu’il sera damné pour avoir perdu ses enfants.

Seule la femme les baise en pleurant à leur retour. L’homme la laisse faire, mais quand les deux gros écus sont mangés, il mène les gars au bois sans rien dire et attend la nuit pour les abandonner. C’est un de ces animaux farouches que peint Labruyère, une âme dure, foulée de misère et que la misère rend impitoyable.

Cette façon plus vraie de nous présenter les choses vient sans doute de l’observation inconsciente d’un narrateur placé plus près de ses personnages. Elle nous prive, du reste, il faut le reconnaître, d’un