Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/353

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— Non, femme, je ne ferai pas cela. Je n’aurai jamais le cœur de laisser mes enfants seuls dans le bois : les bêtes sauvages les auraient bientôt dévorés.

— Idiot ! répliqua la femme. En ce cas nous mourrons de faim tous les quatre. Tu peux raboter les planches pour les cercueils !

Et elle ne lui laissa point de repos qu’il n’eût consenti. « Ces pauvres enfants me font pitié tout de même », disait l’homme à part lui.

Tourmentés par la faim, les deux enfants ne pouvaient s’endormir : ils avaient entendu ce que la belle-mère disait à leur père. Grethel pleurait amèrement. Elle dit à Hänsel :

— C’est fait de nous !

— Tais-toi, répondit Hänsel. Ne te chagrine pas : je saurai nous tirer de là.

Et lorsque les vieux furent endormis, il se leva, mit sa petite veste, ouvrit le bas de la porte et se glissa dehors.

La lune était claire et luisante devant la maison, les cailloux blancs brillaient comme des pièces d’argent. Hänsel se baissa et en emplit ses poches, ensuite il revint et dit à Grethel :

— Console-toi, chère petite sœur, et dors en paix : Dieu ne nous abandonnera pas.

Et il se recoucha dans son lit. Au point du jour, avant le lever du soleil, la femme vint réveiller les deux enfants.