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POUCET ET POUCETTE

NENNILLO E NENNELLA
Pentamerone, journée v, conte 8.


Il y avait une fois un père, nommé Jannuccio, qui avait deux enfants, Nennillo et Nennella, qu’il aimait autant que la prunelle de ses yeux.

Par malheur, avec la lime sourde du temps, la Mort rompit les barreaux qui retenaient prisonnière l’âme de sa femme, et à sa place il prit une affreuse harpie qui était une maudite chienne.

Celle-ci n’eut pas plutôt mis le pied dans la maison de son mari qu’elle commença d’être comme un cheval à l’écurie et de dire :

— Suis-je venue céans pour pouiller les marmots d’une autre ? Il ne me manquait plus que de m’empêtrer ainsi des autres et de voir ces araignées autour de moi. Oh ! que ne me suis-je rompu le cou avant de venir dans cet enfer pour manger mal, boire peu et peu dormir à cause du tracas que me donne cette marmaille ! Ce n’est pas une existence supportable. Je me suis mariée pour être maîtresse et non servante. Il faut prendre un parti et supprimer ce mal, ou c’est moi-même qui serai supprimée. Mieux vaut rougir une fois que de pâlir cent. Aujourd’hui