Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/80

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même récit la fable du Pot au lait et celle des Trois Souhaits, deux des apologues les plus anciens et les plus répandus qu’il y ait au monde. Le monologue de Perrette y devient un dialogue entre la laitière et son mari. Se croyant déjà maire de son village, celui-ci déclare qu’il montrera qui il est, et « s’il est maistre ou non. » Sa femme lui recommande d’avoir pitié des « pouvres » gens.

« — Et je aurai, dit-il, le diable. Je n’en aurai pitié ni pitesse.

« Et en disant cecy, d’orgueil qui estoit en luy, il liève le pied et la jambe par despit et fiert un grand coup de pied comme si les tenist déjà en sa subjection ; tellement que de ce coup il attaindit le vaisseau de terre que sa femme tenoit, où estoit le lait. »

Sa femme lui chante pouille et, pour la consoler, il lui conte l’histoire de deux bonnes gens de leur estât, « lesquels désirant fort à estre riches, afin qu’ils puissent sormarcher leurs voisins, » obtiennent trois souhaits du bon Dieu. Ils se disputent à qui souhaitera le premier. La femme devance son mari.

« — Et je souhaite, dit-elle, ung pied à notre trépied. »

Son trépied avait, en effet, un pied rompu et il n’y avait pas de maréchal dans le hameau. La bonne femme, ne pouvant s’en servir, « avoit grant peine, »