Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tait dirigée, à travers les quinconces du jardin, vers un gros noyer dont les rameaux touffus s’étendaient en éventail, sur le rebord même de la côte.

De cet endroit, l’œil embrasse un panorama splendide. En face, et presque aux pieds du spectateur, les vagues de la marée haute viennent déferler sur une plage de sable fin ou se briser en millions de paillettes cristallines contre les rochers de la batture. Plus loin, par delà le fleuve, s’étagent les habitations, les champs et les bois de la rive sud, avec les cimes bleuâtres des Alléganys, pour arrière-plan. Puis, vers l’orient, s’éparpillent les îlots que nous avons décrits – gracieux archipel où semble planer un mystique parfum de poésie et que l’imagination se représente gardant encore la majesté virginale de la création. Enfin, pour animer ce tableau, des navires de tout tonnage et de tout gréement se succèdent ou se croisent incessamment sur le fleuve, les uns venus d’outre-mer, chargés des produits européens, les autres partis des ports du Canada et lestés des dépouilles de nos forêts. Ils se poursuivent, se rattrapent, se dépassent, comme une troupe