Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/130

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de feuillages, pour disparaître en une seconde, se montrer de nouveau plus loin, puis s’évanouir encore.

Laure regardait sans voir…

Que lui importait le mouvement de ces foules en habits de fête, galopant joyeusement sur le chemin de la vie !… Son bonheur, à elle, n’était-il pas envolé pour toujours, et la route qui se déroulait en face de sa jeune existence pouvait-elle lui offrir autre chose que des épines et des ornières !…

Elle laissait donc passer un à un tous ces brillants équipages, sans leur accorder plus qu’une attention distraite, lorsqu’un élégant phaéton, traîné par deux beaux chevaux de race mexicaine, s’arrêta tout à coup vis-à-vis d’une éclaircie du parc et qu’un des deux jeunes gens qui en occupaient le siège sauta à terre, puis disparut entre les arbres.

Laure devint toute pâle.

Elle avait reconnu la voiture de son frère et se disait avec anxiété :

« Oh ! mon Dieu, qui donc est avec mon frère ?… Pourvu que ce ne soit pas lui !…

Puis se ravisant :

— Mais non… ce ne peut être déjà mon persécuteur… et, d’ailleurs, il ne serait pas venu dans la voiture d’Edmond, ou, dans tous les cas, ne serait pas descendu à l’entrée du parc. »

Ce raisonnement rassura un peu la jeune créole. Toutefois, sa curiosité n’était pas satisfaite, et elle se remit à faire de nouvelles suppositions.

« Si c’était Paul ! » se dit-elle.

Et sa main se porta involontairement à son cœur.

Depuis la scène de l’avant-veille et, surtout, depuis l’imprudent aveu fait par Lapierre relativement aux sentiments de l’étudiant en médecine,