Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/149

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« L’espion s’entretint fort avant dans la nuit avec le général Manson, et, lorsqu’il sortit de la tente, la mort du colonel Privat était résolue.

« Vous savez ce qui se passa.

« Deux régiments d’élite furent échelonnés sur les contreforts, de chaque côté du Cumberland Gap ; et lorsque le terrible escadron, trompé par notre habile espion et croyant marcher à la facile capture d’un convoi, s’engagea dans le défilé, les contreforts s’illuminèrent soudain et une multitude de feux plongeants assaillirent les braves cavaliers.

« Ce fut un affreux massacre. À peine une dizaine d’hommes en réchappèrent-ils.

« Le colonel lui-même tomba, mortellement blessé, et fut transporté en lieu sûr par l’espion qui venait de le faire écharper.

« C’est horrible et infâme ! murmura la créole, les yeux étincelants.

— Ce n’est pas tout, mademoiselle, continua Després. L’espion, en homme plein de ressources, voulut faire d’une pierre deux coups. Il soigna sa victime comme aurait pu le faire une sœur de charité ; puis, quand le pauvre officier n’eut plus que le souffle, il lui persuada d’écrire à sa femme la lettre que vous savez, et il attendit tranquillement la fin.

« Ce ne fut pas long.

« Le colonel mourut le lendemain.

« Alors, le garde-malade se transforma en voleur de cadavre. Il fouilla le mort et s’empara de tous les papiers qu’il y trouva.

« La même chose fut faite pour la malle du colonel.

« Après quoi, et muni d’une foule d’originaux,