Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/201

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— Mais pas son moral, n’est-ce pas ?

— Vous devinez si juste, que c’est plaisir de vous poser des énigmes, ma chère Laure.

— Attendez, au moins, que je vous aie nommé la personne qui, dans votre esprit, n’aime pas à entendre prononcer le mot "Gustave".

— C’est juste. Dites.

— Eh bien ! celui que vous soupçonnez de frayeurs si puériles n’est autre que M. Lapierre.

— Précisément, chère cousine. M. Joseph Lapierre est l’homme chez qui le nom de "Gustave" éveillerait de terribles souvenirs et qui préférerait voir le diable en personne arriver ici ce soir ou demain matin, que d’apercevoir tout à coup Gustave Després, au seuil du grand salon.

— Vous en êtes sûr ?

— Aussi sûr que je le suis d’avoir près de moi une malheureuse jeune fille glissant sur la pente de la perdition. »

Laure eut un véritable frisson. Elle crispa sa main sur le bras de son cousin et lui dit d’une voix altérée :

« Paul, Paul, ce que vous affirmez là est grave, et vous me devez une explication. »

Champfort se taisait…

« Il le faut, vous dis-je, insista la jeune créole, en le regardant fixement. Pourquoi suis-je en voie de me perdre et comment le nom de M. Gustave Després se trouve-t-il mêlé aux affaires de mon fiancé ?

— À quoi bon ! murmura le jeune homme, sur le point de céder.

— À quoi bon ?… Vous me le demandez ?… Mais, apparemment, à me sauver de l’abîme où je glisse, d’après vous.