Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/22

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mystérieux qui me torturait : j’aimais ma cousine !

« Cette découverte m’effraya et ne fit qu’augmenter ma sauvagerie. Je me considérai comme indigne des bontés de mon oncle et de ma tante, du moment que mon cœur me révéla son audace, et je pris la résolution d’étouffer dans mon sein le coupable sentiment qui y germait.

« Aussi, lorsque le colonel repartit pour l’armée, emmenant avec lui le jeune Lapierre, j’avais fait mon sacrifice et ce fut sans récriminations, sinon sans amertume, que je repris avec ma cousine le genre de vie accoutumé.

« Mais, depuis cette visite malencontreuse, il se mêla toujours à nos relations une certaine gêne et une teinte de froideur, que ni elle ni moi nous ne pouvions contrôler et qui ne fit qu’augmenter dans la suite.

« Telle était la situation, lorsqu’un événement aussi douloureux qu’inattendu vint nous plonger tous dans la désolation. Lapierre arriva un soir à l’habitation porteur de la triste nouvelle que le colonel était mort, quelques jours auparavant, d’une blessure reçue dans un combat d’avant-postes. Le jeune homme, qui paraissait accablé de chagrin, remit à ma tante une lettre de son mari mourant, dans laquelle le blessé faisait les plus grands éloges de la conduite de son ami Lapierre, qui l’avait recueilli sur le champ de bataille et soigné comme un fils.

— L’infâme ! le traître ! s’écria Després. Veux-tu savoir, Champfort, ce qu’avait fait Lapierre avant de ramasser sur le champ de bataille le colonel Privat mourant ?

— Qu’avait-il fait ?