Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/252

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les apprêts d’un solennel mariage et portant contre un homme réputé honorable la plus terrible des accusations.

« Il y a longtemps qu’une saine philosophie, éclose sur les ruines de mon bonheur, me fait planer au-dessus de semblables petitesses et mépriser de pareils moyens.

« Le sentiment qui me porte à agir comme je le fais est, au contraire, de ceux que l’on ne peut repousser sans faiblesse, renier sans honte. La Providence, dont le regard mystérieux suit le criminel à travers le labyrinthe sans issue de ses forfaits, a voulu faire de moi son instrument de tardive rétribution, en me jetant sur toutes les pistes ténébreuses laissées par le grand coupable que nous avons à juger, et je faillirais à mon devoir d’honnête homme, à ma tâche de vengeur providentiel, si j’hésitais à frapper, si mon cœur se prenait à faiblir.

« Je parlerai donc sans colère et sans passion ; mais aussi sans réticences et sans crainte. »

Après cet exode un peu solennel, Després se retourna à demi, jeta un coup d’œil sur le groupe où se trouvait la dame vêtue de noir, et reprit aussitôt :

« L’homme que j’accuse d’avoir fait assassiner le colonel Privat a commencé, il y a six ans, la trop longue série de ses crimes ; et c’est sur moi et une jeune fille respectable qu’il essaya, en premier lieu, ses aptitudes de traître. La nature l’avait doué d’une physionomie agréable, le diable lui avait prêté son habileté et sa puissance de fascination : le misérable en profita pour tromper mon amitié et m’enlever l’affection d’une jeune fille que j’aimais et que j’avais sauvée de la mort. Puis,