Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/93

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ceux qui vous feraient tout pardonner, à ma fille et à moi… N’est-ce pas, Laure ? »

Ainsi interpellée, la jeune fille se redressa, et fixant ses grands yeux pleins d’éclairs sur ceux de son fiancé, elle répondit d’une voix étrange :

« Oui… pourvu que ce sentiment soit désintéressé. »

La figure mate de Lapierre devint tout à fait d’une blancheur de cire.

« En douteriez-vous, mademoiselle ? balbutia-t-il.

— Oh ! je ne dis pas cela : je réponds à ma mère d’une manière générale, » répartit la jeune créole, qui se renfonça dans son fauteuil.

La mère de Laure, peu satisfaite de l’explication de sa fille, vint à sa rescousse.

« Ma chère enfant, tu n’es pas aimable aujourd’hui, dit-elle. Tout à l’heure, tu te querellais avec ton cousin, à propos de futilités, et voilà que maintenant tu réponds à ton fiancé comme une petite fille boudeuse.

— Paul m’a pardonné, répondit Laure, et nous avons fait notre paix… n’est-ce pas, mon cousin ?

— Mais, certainement, ma chère cousine, et cette aimable petite querelle n’a fait que réchauffer mon affection pour vous.

— Vous voyez bien ! fit la jeune fille, en se tournant vers sa mère.

— C’est parfait, répliqua la veuve, mais il te reste à en faire autant pour ton fiancé. »

L’œil noir de Laure étincela. Il y eut en elle une lutte de quelques secondes – puis elle articula froidement :

« Je n’ai rien à me faire pardonner de monsieur Lapierre. »