Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je dis le « doge » : ne comprends pas le « dogue. »

— C’est tout un pour moi… Enfin, que faisait-il, ce doge de Vénise ?

— Il épousait l’Adriatique, une mer célèbre de son pays. Toi, tu marieras la grande mer canadienne : le golfe Saint-Laurent.

Et Thomas, enchanté de lui-même, battit une couple d’entrechats.

— Que le diable t’emporte ! fut la brève réplique de Gaspard, qui lui tourna le dos.

Un silence assez long suivit.

Profitons de cette trève entre les deux compères pour dire que cette conversation avait lieu dans une grotte du « Mécatina », à une faible distance du « Marsouin », laissé à la garde des deux matelots.

Un falot du bord éclairait la scène, qui valait certes la peine d’être illuminée.

Imaginez une vaste excavation à voûte arrondie, mais toute hérissée de stalactites rognées par le temps et dont les parois presque perpendiculaires rejoignaient le sol formé de poussière où le calcaire gris mêlait sa nuance à la coloration brune des tufs tendres et au miroitement affaibli des quartz effrités.

Pour sièges, les deux marins avaient chacun un tronçon de stalagmite, que le temps, ouvrier patient, avait raccourci en y frottant sa main implacable, jusqu’à la hauteur d’un escabeau ordinaire.

Cette grotte, dont l’ouverture se trouvait à un niveau plus élevé que le pont du « Marsouin », n’était, pour ainsi parler, que le vestibule d’autres cavernes qui se succédaient, à différentes hauteurs, dans la masse pierreuse du « Petit-Mécatina. »

Toutefois, il était à supposer que les alvéoles contigües à celle où causaient les deux marins devaient se trouver à une profondeur plus grande, car, au moment d’entrer de plein pied dans cette retraite digne de la nymphe Calypso, la mer était haute, ne l’oublions pas.