Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/18

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tre, donnent à l’œil l’impression de quelque redoutable forteresse du Moyen-Âge, avec ses bastions en saillie, ou de quelqu’une de ces vieilles abbayes à moitié démantelées, que les siècles réduisent lentement à l’état de masses pierreuses sans formes ni couleurs précises.

Quoi qu’il en soit, il résulte de cette intercalation, entre les roches calcaires, de hauts pans granitiques, — qui, vus de champ à l’extérieur, ressemblent à des fûts de basalte, — il résulte que le côté nord du Mécatina est tout bonnement une immense ruche de pierre dont les alvéoles sont les cavernes résultant de la dissolution séculaire des calcaires qui les remplissaient, tandis que le granit inattaquable a résisté aux efforts du temps.

Mais… assez de géologie.

Revenons à nos compères.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Thomas n’eut garde de se livrer au diable, comme venait de lui souhaiter son irascible ami.

Il se contenta de lever les épaules, tout en lançant vers la voûte une épaisse bouffée de fumée.

Puis, remettant le tuyau de sa pipe entre ses lèvres moqueuses, il eut l’air de s’absorber béatement dans le bonheur de fumer du bon tabac.

Gaspard, après quelques voltées sur place, se rassit, calme en apparence.

Mais il était clair qu’un orage terrible grondait dans son cerveau.

— Tu as tort de me gouailler, Thomas, dit-il presque humblement. Je souffre toutes les tortures de l’enfer, et si tu étais à ma place…

— Eh bien, si j’étais à ta place…

— Oui, que ferais-tu ?

— Ce que je ferais ?… Oh ! une chose bien simple…

— Laquelle ?… Voyons : déboutonne-toi donc, une bonne fois.

Au lieu de répondre de suite, maître Thomas retira tranquillement sa pipe de ses lèvres, la vida avec soin en la heurtant à petits coups sur le bout de sa botte ; puis, après l’avoir enfoui dans la poche de son veston de loup-marin, il regarda fixement Gaspard et dit enfin :