Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/51

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Thomas vit tout cela d’un coup d’œil.

Se tournant vers Gaspard :

— Et l’équipage ? demanda-t-il ?

— Oh ! l’équipage !… répondit celui-ci en haussant les épaules : il a bu un coup à la grande tasse… Rien à faire.

— C’est le sort des marins… murmura philosophiquement Thomas, dont la figure s’assombrit.

Puis, chassant vite cette pensée importune :

— À la goélette ! commanda-t-il. N’attendons pas que tout s’en aille au diable.

Chacun s’empressa d’obéir, sans se préoccuper de la tempête qui faisait rage.

En quelques minutes, l’appareillage était terminé.

Au reste, la seule voile déferlée fut le grand foc.

Tout de même, par une nuit semblable, il fallait n’avoir pas « froid aux yeux » pour oser sortir.

Mais il n’y avait pas à tergiverser : les nuits sont courtes en juin, et le travail à faire ressemblait un peu à la chasse des grands fauves de la « jungle », qui ne s’accomplit qu’à la faveur des ténèbres.

Tout marcha, du reste, comme sur des roulettes, — au dire de Jean Bec.

Le « Marsouin » accosta l’épave sous le vent, se trouvant ainsi à l’abri pour « opérer. »

Une heure se passa dans une activité fébrile, — car la mer commençait à baisser et la goélette pouvait demeurer échouée à côté du navire qu’elle pillait.

Puis, à un moment donné, le « Marsouin » se détacha du vaisseau naufragé, hissa sa misaine, hissa sa grand’voile, hissa ses focs, hissa toute sa toile, enfin, et s’éloigna vers le large, faisant jaillir sous ses joues alourdies deux gros bourrelets de vagues blanchissantes.

Le vautour lâchait son cadavre.

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