Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/57

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Mais j’ai fait mieux que ça, moi qui te parle.

Figure-toi mon bon, qu’un jour, étant à faire la pêche sur les côtes de Norvège, je fus pris, avec trois camarades, dans les spirales du « Maëlstrom. »

Tu sais… le Maëlstrom est un trou sans fond qui aspire la mer avec une force de cent quatre vingt-dix-huit milliards de tonnes à la seconde…

Ç’a été calculé par un savant de Landerneau, qui est un faubourg de Brest.

— Il a bien pu se tromper de quelques gallons, — tout de même… goguenarda Jean Bec.

— Je ne dis pas non, concéda Jean Brest. Mais laisse-moi continuer. Tu vas voir s’il en arrive de ces choses, dans la marine française !

Donc, nous étions dans une chaloupe, commandée par le maître d’équipage du « Héron », comme s’appelait notre brick, pour lors en panne près des îles « Loffoden », sur la côte de Norvège.

Tout à coup, pendant que nous cherchions quelque bon gibier à harponner, voilà que surgit de la mer une grosse baleine qui se met à seringuer l’eau par ses évents, jusqu’à la hauteur du grand mât d’un « trois-ponts » de cent vingt canons…

— « En chasse ! » commande le maître.

— « Harpon en mains ! » que je m’ordonne à moi-même, en prenant place à l’avant.

Les matelots jouent de l’aviron ; le maître tient la barre ; moi, l’œil et le bras en arrêt, je guette le monstre qui vient de plonger.

Mais il reparaît à la surface, à une couple de cent pieds de nous.