Page:Dick - Les pirates du golfe St-Laurent, 1906.djvu/78

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enlever, hum !… J’ai de quoi les défendre !

Et l’enfant brandit son fusil.

Arthur Labarou, souriant, accorda la permission demandée.

Le grand canot fut amené à la coupée et le capitaine y prit place, flanqué de son fils adoptif.

Poquin et La Ficelle, les deux inséparables, — firent jouer les avirons.

En peu de minutes, on eut franchi la distance qui séparait le yacht du rivage, et chacun sauta sur la berge, — moins La Ficelle, chargé de la garde du canot.

Aussitôt le capitaine s’avança vers les femmes, sans fusil et la figure débonnaire.

Comme les « squaws » retraitaient peu à peu, il s’arrêta en chemin et appelant Wapwi :

— Viens ici, petit, dit-il. Rejoins ces pauvres femmes et cherche à leur faire comprendre que nous ne leur voulons aucun mal et que c’est à la Grande-Ourse que nous désirons parler.

Wapwi partit aussitôt et ne tarda pas à rattraper les sauvagesses.

Le capitaine et les matelots eurent alors sous les yeux un singulier spectacle.

Les « squaws » entouraient le petit Abénaki, lui touchant la tête, la figure, les mains, avec des démonstrations d’étonnement et de plaisir de la plus grande évidence.

Puis il y eut un colloque animé.

Toutes les sauvagesses parlaient à la fois, levant les bras au ciel, se les croisant sur la poitrine, les laissant pendre le long de leurs hanches, dans des attitudes qui témoignaient autant de leur indignation que de leur bonne foi.

Arthur Labarou, qui s’était approché du groupe, demanda à Wapwi :

— Que disent-elles ?

— Elles ne savent rien de positif, si ce n’est que la Grande-Ourse a quitté le camp, il y a deux jours, avec un grand canot et six hommes de la tribu, et que ni le canot ni son équipage ne sont revenus.