Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Grâce, ô mon maître ! articula faiblement la princesse.

— Vous avez dix minutes pour vous préparer à paraître devant le redoutable Dieu des croyants, continua froidement Ahmed, en regardant à sa montre.

— Pitié ! pitié ! mon bon seigneur, sanglota la pauvre femme.

— Point de pitié. L’heure de la vengeance a sonné : il faut mourir.

— Hélas ! je n’ai que dix-huit ans… Est-ce qu’on meurt à dix-huit ans ?

— La mort est impitoyable pour les criminels : elle fauche les têtes blondes comme les têtes blanches.

— Je ne suis pas coupable, mon excellent maître… je n’ai fait que céder à un entraînement passager de mon cœur… j’oublierai cette heure de folie : je tâcherai de vous… aimer.

— M’aimer ?… Oh ! si tu l’avais voulu, Esmé, mes cheveux et ma barbe n’auraient pas la blancheur de la neige !… mon front ne serait pas creusé de rides précoces !… il y aurait de la bonté dans mon cœur, au lieu de cette soif inextinguible de vengeance qui le torture !… Si tu avais voulu m’aimer, j’aurais entouré ta jeunesse des plus douces jouissances de ce monde ; je t’aurais fait libre et puissante ; j’aurais forcé des centaines d’esclaves à se courber devant toi ; j’aurais passé ma vie à tes pieds, moi, le riche, l’orgueilleux Ahmed !…

Mais tu ne l’as pas voulu ! Tu m’as préféré des chiens de chré-