Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/19

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torité son médecin et n’y allait pas de main morte. Femme de tête et de sens, elle avait basé tout son système de traitement sur un axiome médical, trouvé par elle dans un almanach en vogue, et elle n’en aurait pas démordu pour tout l’or d’Australie.

Tenez-vous la tête froide, les pieds chauds et le corps libre, disait cette sage maxime, et vous vivrez cent ans.

Aussi, il fallait voir avec quelle ardeur l’excellente fille usait des laxatifs, des cathartiques, des diaphoriétiques, des antiphlogistiques, des dérivatifs et des carminatifs ! Elle avait des tisanes pour chacune de ces indications, et ce tube intestinal de son patient n’avait pas une minute de repos, qu’il ne put libérer des humeurs morbides qui l’obstruaient.

C’était à en crier au meurtre !

C’est en effet ce que fit un peu, dans les premiers temps, le notaire Labrosse. Mais il s’habitua insensiblement à ce régime, et ces mille petits soins qui en étaient l’accompagnement obligé triomphèrent finalement de ses dernières résistances. Égoïste, comme tous les célibataires arrivés aux confins de la vieillesse, il éprouvait une volupté pleine de langueur à se faire ainsi dorloter et à se savoir l’objet des incessantes préoccupations de la compatissante Marguerite.

Cependant, en dépit de ces soins maternels, le bonhomme n’avait pas cessé de dépérir depuis l’entrée à son service de cet