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tage de son père, un de ces bijoux de famille, passés de mode, que l’on conserve avec piété, mais que l’on ne porte pas.

Georges est un corps qui se développe régulièrement, un estomac qui digère bien et une cervelle qui ne se fatigue point.

Est-ce à dire qu’en remuant ces cendres tièdes, on ne mettrait pas à nu quelque tison incandescent ? faut-il conclure qu’aucune passion, aucun penchant ne couve sous cette épaisse enveloppe d’indifférence ?

Évidemment non.

Le temps de l’éclosion n’est pas arrivé : voilà tout. Ou plutôt, les causes psychologiques qui font surgir du cœur les passions endormies n’ont pas encore fait acte de présence dans le moral de notre ami. Un rien peut les faire naître et agir, ces causes… mais ce rien n’a pas encore dit son mot à l’oreille de Georges.

Notre héros s’immergea donc bravement dans la prose de M. Ubicini, puis, au bout de quelque temps, il passa aux Lettres de lady Montague. À son tour, milady fut mise de côté, et Georges, furetant sur son bureau, sembla tout interloqué de ne pas trouver son successeur habituel.

— Mais… se dit-il à mi-voix, où donc se cache Constantinople, de mon ami Gauthier ? Il était ici hier… mon oncle me l’aurait-il esquivé par hasard ?

Il dévasta inutilement son bureau, Théophile Gauthier demeura introuvable.

— Voilà qui est singulier ! grommela Georges, tout en se di-