Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/64

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— Honte et malédiction ! gronda une voix.

— Infamie et lâcheté ! vociféra une autre.

— Laissez donc, fit ironiquement de Lalande, ne fallait-il pas que notre gros libertin couronné s’amusa un peu et fit quelque petit sacrifice pour sa maîtresse ! La belle dédaigneuse ne voulait pas du Canada ; il l’a, ma foi ! envoyé à tous les diables — c’est-à-dire à l’Angleterre.

Le succès de Georges dépassant son attente, il sortit de ses gonds et se levant, tragique :

— Oui, messieurs, c’est ainsi que la mère-patrie récompensait le dévouement de ses fils du nouveau-monde, de ces héroïques pionniers qui promenaient si fièrement le vieux drapeau fleurdelisé à travers les sauvages régions américaines. Et, pourtant, les Canadiens, ainsi abandonnés, mourant de faim, privés de tout, même d’espérance, continuèrent de combattre !… Un contre six et éparpillés sur une frontière de plusieurs centaines de lieues, ils résistèrent avec le sombre courage du désespoir… jusqu’à ce qu’enfin, réduits à une poignée