Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/84

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Et, pourtant, par un prodigieux effort de volonté, l’héroïque jeune homme ne se départit pas de son indifférence dédaigneuse, ne tonna pas contre la tyrannie des hommes, en général, et celle des Turcs, en particulier, ne fit aucunement le serment solennel de delivrer la malheureuse princesse.

C’est que, comme un avare de son aventure il la voulait pour lui seul. Aucune main étrangère ne devait lui prêter son concours ; aucun œil profane ne pouvait sonder les mystiques profondeurs où il voulait s’engager.

Notre héros se cuirassa donc d’une triple armure de dissimulation et répondit aux invitations insidieuses qu’on lui faisait :

— Eh ! mon Dieu, je ne suis pas un Don Quichotte pour voler ainsi au secours de la première infortune venue. S’il me fallait écouter les doléances de toutes les femmes qui ne sont pas contentes de leur sort, j’en aurais pour jusqu’à la fin du monde à batailler contre les maris et les amants. Le métier de redresseur de torts ne me sourit aucunement. Que votre princesse se tire d’affaire comme elle pourra.

— Diable ! elle aura de la difficulté, car son vieux chenapan de Turc a la poigne solide.

— Et de bons verroux à ses portes.

— Et, pour gardiens, deux certains grands gaillards noirs qui n’ont pas une mine fort rassurante, je vous le jure.

(À Continuer.)
Dr V. Eug. Dick