Page:Dick - Une horrible aventure, 1875.djvu/9

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guilés au tabac odorant sérails impérieux où chaque effluve enivre comme le hatchis, siècles et voluptueuses nuits, avec des millions d’étoiles d’or sur un fond d’émeraude, au-dessus de la tête. La Turquie avec sa mollesse et ses vêtements luxueux — mais non la Turquie enculottée à la moderne — voilà le pays de ses rêves, la terre promise qu’il entrevit à travers les brumes dorées de son imagination !

Le malheureux, transgressant des ordres sévères, aurait-il lu Théophile Gauthier et ses plastiques descriptions du voluptueux Orient ? C’est ce que nous ne pouvons affirmer pour le quart-d’heure, la question méritant de sérieuses et profondes réflexions.

Toujours est-il que ces goûts orientaux, en plein siècle de chemin de fer et de fiévreux agiotage, font ombre au tableau que nous venons de badigeonner et assombrissent beaucoup notre sollicitude pour ce cher ami Labrosse.

— Ah ! bah ! nous répondra-t-on, un homme énergique comme votre ami saura bien dompter cette imagination vagabonde et la plier aux exigences de ses intérêts.

Hélas ! il faut donc que nous fassions encore un aveu et que nous enlevions une autre pièce de charpente à l’édifice si laborieusement construit du moral de notre héros !

Nous le ferons ; car, avant tout, nous sommes et voulons rester historien véridique ; car nous voulons — après avoir armé Labrosse de toutes les pièces nécessaires au succès — indiquer au stylet de la critique les points vulnérables, les défauts de la cuirasse. Il nous faut avouer