Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/117

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faires tant qu’elles reposeraient entre les mains d’un autre, et je vous parlai de Kenge et Carboy dans les termes que m’inspirait la haute estime que je professe pour ces hommes éminents. Vous avez néanmoins jugé convenable de leur retirer votre confiance, et vous m’avez remis vos intérêts, que j’ai reçus avec des intentions aussi droites qu’étaient les vôtres. Aujourd’hui ces intérêts me sont sacrés ; mes fonctions digestives se font mal, comme vous avez pu me l’entendre dire, et le repos me serait nécessaire ; mais je ne me reposerai pas, monsieur, tant que je vous représenterai. Venez quand il vous plaira, vous me trouverez à mon poste ; appelez-moi où vous voudrez, et je m’empresserai de m’y rendre. Je vais employer les loisirs que me laisseront les vacances à étudier votre affaire, à la creuser de plus en plus, à disposer toutes mes batteries pour remuer ciel et terre, y compris le chancelier, quand la Cour remontera sur son siège ; et lorsque enfin, monsieur, je vous féliciterai d’être entré en possession de votre fortune, et j’ai de bonnes raisons pour croire que ce sera prochainement (je pourrais en dire davantage, mais la prudence m’ordonne de m’abstenir), vous ne me devrez rien, monsieur, en dehors du débet qui se règle officieusement de procureur à client, et en sus des honoraires accessoires que la taxe nous accorde. Quant au reste, monsieur, je ne vous demande que la permission d’agir avec zèle ; de ne pas suivre l’ornière où vos intérêts ont langui jusqu’à présent ; et, mon œuvre conduite à bonne fin, tout sera fini entre nous. »

M. Vholes ajoute incidemment à cette déclaration et par manière de clause additionnelle, que M. Carstone, étant sur le point de rejoindre son régiment, il serait nécessaire qu’il voulût bien lui remettre un bon de vingt livres sur son banquier ou toute autre personne qu’il lui plaira désigner, à compte sur ce qui lui est dû, « car il y a eu, depuis peu, un certain nombre de consultations et de soins relatifs au procès qui m’ont constitué en dépenses, continue l’avoué en feuilletant son mémorial, et je ne puis pas me vanter d’être un capitaliste. Quand vous êtes venu me trouver (j’ai pour principe qu’en affaire, on ne saurait avoir trop de franchise), je vous ai dit que, chez moi, les capitaux étaient rares, et que, si vous teniez à un avoué qui fût riche, il fallait garder Kenge et Carboy. Non, monsieur, vous ne trouverez auprès de moi ni les avantages ni les inconvénients du capital. C’est ici qu’est tout votre espoir, dit Vholes en frappant sur le pupitre, mais rien de plus, monsieur Carstone. »

Richard, dont tout ce verbiage a peu à peu ranimé les illusions, prend une plume et de l’encre et fait le billet demandé ;