Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/182

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rette. » Il aurait pu dire que cela faisait le même bruit, mais il se contente d’ajouter :

« Faut que j’circule, m’sieur. »

Allan cherche un pharmacien autour de lui, et n’en trouve pas dans le voisinage ; une taverne qu’il aperçoit fait tout aussi bien son affaire, si ce n’est mieux. Il en rapporte un peu de vin dont il fait boire une ou deux gorgées au pauvre Jo.

« Nous en reprendrons tout à l’heure, dit-il ; en attendant reposez-vous un peu ; nous circulerons ensuite. »

Jo reste dans la laiterie pendant que M. Woodcourt se promène au soleil, et jette de temps en temps un coup d’œil sur lui pour voir ce qu’il fait et comment il se trouve. Il est mieux, sa figure est moins sombre ; il reprend son pain et commence à y mordre. Allan revient auprès de lui ; la conversation s’engage, et le docteur écoute avec étonnement l’histoire de la belle dame au voile, et de ce qui en résulta pour le malheureux Jo ; celui-ci, qui mange tout en parlant, finit son pain en même temps que son histoire. Le docteur ayant pensé à miss Flite pour lui demander conseil relativement à son pauvre compagnon, dit à Jo de le suivre, et se dirige vers la petite cour où demeurait sa cliente ; mais tout est bien changé dans la maison du vieux Krook ; les fenêtres sont fermées ; la vieille fille n’y est plus ; une femme aux traits durs, couverte de poussière, et dont l’âge est un problème, l’intéressante Judy, en un mot, lui répond aigrement que miss Flite et ses oiseaux demeurent chez mistress Blinder, qui reste dans Bell-Yard. M. Woodcourt se rend immédiatement à l’endroit indiqué, où miss Flite, toujours matinale afin d’arriver la première à l’audience, descend quatre à quatre, les bras ouverts et les yeux baignés de larmes, en s’écriant :

« Mon cher docteur ! le plus généreux, le plus distingué, le plus brave de tous les officiers ! »

Allan, toujours plein de douceur avec elle, écoute avec patience l’expression du ravissement de la vieille fille, et attend, pour lui dire le motif de sa visite, qu’elle ait épuisé tous les transports d’enthousiasme que lui dicte son cœur.

« Où pourrais-je le loger ? dit-il, en montrant Jo, qui frissonne sous la porte. J’ai pensé que vous qui savez tant de choses et qui avez un si grand sens, vous me donneriez un bon conseil. »

Miss Flite, enchantée de cet éloge, réfléchit longtemps avant de rien trouver ; tout est loué chez mistress Blinder ; c’est elle qui occupe la chambre du pauvre Gridley. « Gridley ! s’écrie--