Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/353

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme à l’ordinaire, de vous adresser notre notification lorsque la cause devra être appelée devant la cour.

— Et vous pourrez voir que j’y ferai exactement la même attention qu’à l’ordinaire, répondit mon tuteur.

— Toujours disposé, mon cher monsieur, dit l’éminent avoué en nous reconduisant jusqu’à la porte du carré, toujours disposé, malgré votre esprit éclairé, à vous faire l’écho d’un préjugé populaire. Nous sommes une nation prospère, monsieur Jarndyce, très-prospère ; un grand peuple, monsieur Jarndyce, un très-grand peuple ; et vous voudriez qu’un aussi grand pays eût un petit système judiciaire ! voyons ! est-ce possible, monsieur, est-ce possible ? »

Il prononça ces paroles du haut de l’escalier, en agitant sa main droite avec grâce, comme il eût fait d’une truelle d’argent dont il se serait servi pour étendre le ciment de son éloquence sur l’édifice judiciaire afin de le consolider pour mille siècles encore.


CHAPITRE XXXIII.

Fer et acier.

La galerie de tir de M. Georges est à louer ; tout le matériel a été vendu ; et le maître d’armes habite Chesney-Wold où il accompagne sir Leicester dans ses promenades à cheval, et surveille attentivement la monture du baronnet, car la main qui la guide est maintenant bien incertaine. Mais aujourd’hui M. Georges n’est pas auprès de sir Leicester Dedlock. Il est en voyage, et se dirige vers les districts du nord où l’on travaille le fer.

À mesure qu’il avance de ce côté, les grands bois disparaissent ; et la houille, les cendres, les hauts fourneaux et les briques rouges, la verdure maladive, les feux dévorants, et un épais nuage de fumée d’où ne sort jamais d’éclairs, caractérisent le paysage.

Le sergent passe au milieu de tout cela et continue sa route en regardant autour de lui, comme s’il cherchait à découvrir l’endroit vers lequel il se dirige.

Arrivé sur la rive noircie d’un canal qui traverse une ville active où le cliquetis du fer est plus assourdissant, la fumée plus noire et les flammes plus ardentes que notre voyageur ne les a