Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/370

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« Mon ami Jobling m’assistera en qualité de clerc, et vivra dans la maison, continua M. Guppy ; ma mère également viendra vivre chez moi à l’expiration de son présent terme dans Old-Street-Road ; par conséquent la société ne fera pas défaut. Mon ami Jobling a, par nature, des goûts aristocratiques, et, connaissant d’autre part tous les mouvements des cercles supérieurs, il me soutient et m’appuie dans les intentions que je suis en train de développer.

— Certainement, dit M. Jobling en s’éloignant un peu du coude de la mère de M. Guppy.

— Je n’ai pas, monsieur, puisque vous êtes dans la confidence de miss Summerson, je n’ai pas besoin de vous dire (je voudrais bien, ma mère, que vous restassiez tranquille), de vous dire que l’image de miss Summerson fut autrefois gravée dans mon cœur, et que je lui fis alors des propositions de mariage.

— C’est ce que j’ai appris, répondit mon tuteur.

— Certaines circonstances, complétement indépendantes de ma volonté, continua M. Guppy, affaiblirent à une certaine époque l’impression que m’avait faite cette image, époque à laquelle la conduite de mistress Summerson fut, dois-je le dire, des plus nobles et des plus magnanimes. »

Mon tuteur, que tout cela paraissait beaucoup divertir, me frappa sur l’épaule en souriant.

« Je suis maintenant, monsieur, dans une disposition d’esprit où cette conduite magnanime éveille en moi le besoin d’y répondre avec réciprocité ! s’écria M. Guppy. Je veux prouver à miss Summerson que je puis m’élever à une hauteur que peut-être elle ne me croyait pas capable d’atteindre. Je sens que l’image autrefois gravée dans mon cœur, et que j’en croyais effacée, y est restée profondément empreinte ; son influence sur moi est toujours effroyable ; et, cédant à sa puissance, je renouvelle, au mépris des circonstances que personne ne pouvait dominer, je renouvelle à miss Summerson la proposition que j’eus l’honneur de lui adresser autrefois, et je mets à ses pieds la maison de Walcot-Square, mon titre, mon diplôme et ma personne, en la priant de vouloir bien les accepter.

— Votre conduite, monsieur, est en effet très-magnanime, répondit mon tuteur.

— C’est mon plus vif désir, monsieur, que de me montrer magnanime, répliqua M. Guppy avec sincérité. Je ne considère pas, d’ailleurs, la proposition que je fais à miss Summerson comme désavantageuse pour moi, loin de là ; c’est également l’opinion de mes amis. Néanmoins certaines circonstances ont