Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/40

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sans qu’il résulte autre chose de ce symptôme alarmant, que quelques sons gutturaux, indices d’une respiration excessivement gênée ; et le vieux gentleman est déposé, suivant son désir, dans le parloir des Armes d’Apollon.

«  Seigneur, mon Dieu ! s’écrie d’une voix étouffée M. Smallweed en regardant autour de lui. Miséricorde ! mes os et mes reins ! Quelle souffrance, oh ! mon Dieu ! Asseyez-vous, vieille tête de perruche sautillante ; asseyez-vous, vieille folle caracolante. »

Cette légère apostrophe est adressée à mistress Smallweed, à propos du penchant qui entraîne la vieille dame, toutes les fois qu’elle est debout, à sauter d’un pied sur l’autre, et à prendre pour vis-à-vis tous les objets qu’elle trouve, en s’accompagnant d’un ramage particulier, comme une sorcière au sabbat. Une affection nerveuse entre probablement, dans ces démonstrations chorégraphiques, pour une part aussi grande que l’imbécillité de la pauvre femme, qui, déposée dans le parloir de la taverne, se livre avec tant d’ardeur à la danse en face d’un fauteuil Windsor, le jumeau de celui qui est occupé par M. Smallweed, qu’on ne peut l’y faire renoncer qu’en l’y asseyant de vive force, pendant que son seigneur et maître lui prodigue les épithètes affectueuses de « vieille folle et de corneille à tête de cochon, » mille et mille fois répétées.

«  Mon cher monsieur, poursuit le grand-père Smallweed en s’adressant à William, avez-vous entendu parler de cet affreux malheur qui est arrivé dans la maison voisine ?

— Entendu parler, monsieur ! mais c’est nous qui l’avons découvert.

— Vous, monsieur ! comment, c’est vous ? Bart, ce sont eux qui ont tout découvert ! »

Les deux jeunes gens fixent des yeux étonnés sur les Smallweed qui, de leur côté, les regardent fixement.

«  Mes chers amis ! s’écrie le vieillard en leur tendant les bras, que de remercîments ne vous dois-je pas, pour avoir découvert les cendres du frère de mistress Smallweed ?

— Hein ? dit M. Guppy.

— De son frère unique, mon cher ami, du seul parent qui lui restât. Il n’y avait pas entre nous de relations très-suivies ; je le déplore actuellement : c’est lui qui ne l’a jamais voulu. Cependant, il nous aimait beaucoup ; mais il était si excentrique ! À moins qu’il n’ait fait un testament (ce qui n’est pas vraisemblable), j’entre en possession des biens qu’il a laissés ; je viens jeter un coup d’œil sur la propriété. Il faut qu’on y appose les