Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

charge pas ; d’ailleurs, il n’entre pas dans tous les éléments qui composent mon être un seul atome du collecteur d’impôts ; je ne suis point du tout ce qu’on appelle un homme respectable et n’ai pas besoin de l’être ; c’est bizarre, mais c’est comme ça. »

Il était inutile d’insister plus longtemps, et nous rejoignîmes Éva et Richard qui étaient à quelque distance ; la conversation devint générale ; M. Skimpole, qui venait de visiter le château, nous fit la description de tous les portraits de famille : ladies impérieuses en costume de bergères, à la houlette menaçante, avec poudre et paniers, des mouches sur le visage pour terrifier les vilains, comme un chef de peaux-rouges en grande peinture de guerre ; ici, un baronnet sur le devant d’une bataille, avec une mine qui éclate, un fort qu’on assiège, une ville en feu, des canons qui tonnent, des flammes qui dévorent, le tout placé entre les jambes de derrière du cheval monté par ledit baronnet, probablement, pensait notre chroniqueur, pour prouver combien les Dedlock s’inquiétaient peu de ces bagatelles ; enfin, la collection complète de ces illustres personnages, évidemment empaillés de leur vivant, nous dit encore M. Skimpole, et convenablement montés sur leur perchoir respectif ; d’une roideur parfaite sous leurs perruques variées, et d’une absence de vie…, « Tiens ! s’écria tout à coup notre vieil enfant, je ne me trompe pas, c’est Vholes ! »

Je lui demandai si c’était une connaissance de Richard.

« Son ami et son conseil, répondit-il ; et vous, miss Summerson, qui désirez du bon sens et une tenue respectable, c’est justement votre homme.

— Nous ne savions pas que Richard eût pris un autre avoué, lui dis-je.

— Quand il fut émancipé, reprit M. Skimpole, il se sépara de Kenge, et s’adressa, ou plutôt je le mis en relation avec mon ami Vholes.

— Vous le connaissiez depuis longtemps ? demanda Éva.

— Comme beaucoup d’autres à qui j’ai eu affaire ; il a toujours été fort poli avec moi ; c’est un excellent homme, qui a une délicatesse de procédés que j’ai souvent appréciée ; il m’a fait arrêter pour je ne sais plus quelle dette que quelqu’un a payée, quelque chose et quatre pence, j’ai oublié les livres et les schellings… ; c’est après cela que j’ai fait faire à notre ami la connaissance de Vholes, qui m’en avait prié ; il m’a même, ajouta M. Skimpole en souriant, donné ce qu’il appelle une commission, un billet de cinq livres et quelque chose… ; oui, cinq livres. »