Page:Dickens - Bleak-House, tome premier.pdf/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Eh ! l’ami, » s’écrie l’avoué en frappant à la porte avec son chandelier de fer.

Il croit avoir éveillé l’ami, dont les yeux sont tout grands ouverts.

« Eh ! l’ami, » répète M. Tulkinghorn avec force ; mais, tandis qu’il frappe de nouveau, la chandelle, qui a coulé jusqu’au bout, s’éteint subitement et le laisse dans les ténèbres, où les yeux affamés attachés aux trous des volets n’ont sans doute pas cessé de regarder fixement le grabat.


CHAPITRE XI.

Notre cher frère.

Quelque chose qui, dans l’ombre, touche sa main ridée, fait tressaillir l’avoué :

« Qui est là ? dit-il.

— C’est moi, murmure à son oreille le vieux marchand de guenilles ; pouvez-vous le réveiller ?

— Non,

— Qu’avez-vous fait de votre lumière ?

— Elle s’est éteinte. »

Le vieillard prend le chandelier des mains de l’avoué, s’approche du foyer, se baisse vers la grille, et cherche à rallumer la chandelle ; les cendres y sont froides, ses efforts sont inutiles ; et après avoir appelé vainement l’écrivain, il dit à l’avoué qu’il descend pour chercher de la lumière.

M. Tulkinghorn, par un motif quelconque, va l’attendre sur le carré ; la lumière brille bientôt sur la muraille, et le vieillard remonte lentement, suivi de son chat aux yeux verts.

« A-t-il en général le sommeil aussi dur ? demande le procureur.

— Je ne sais pas, dit Krook en hochant la tête et en relevant les sourcils ; je ne connais rien de ses habitudes, si ce n’est qu’on le voit rarement et qu’il ne parle jamais. »

À la lueur de sa chandelle, les grands yeux des volets s’assombrissent et paraissent se fermer ; ceux de l’homme qui est couché sur le lit restent toujours ouverts.

« Miséricorde ! s’écrie l’avoué, il est mort ! »