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LE CRICRI DU FOYER.

John le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il n’aperçût plus dans la distance les fleurs et les faveurs de son cheval ; puis, après avoir poussé un profond soupir, il s’en alla désolé, accablé, errer sous des ormeaux du voisinage, ne voulant rentrer chez lui que lorsque l’horloge serait au moment de sonner l’heure.

La petite femme laissée seule sanglota amèrement, mais en s’essuyant souvent les yeux et se disant combien il était bon, combien il était excellent ; et une fois ou deux elle rit de si bon cœur, avec un accent de triomphe et tant d’incohérence (sans cesser de pleurer), que Tilly en fut toute épouvantée.

« Ouh ! ouh ! s’il vous plaît, n’en faites rien, disait Tilly ; ce serait assez pour tuer et enterrer le poupon, s’il vous plait.

— L’apporterez-vous quelquefois à son père, Tilly, quand je ne pourrai plus vivre ici et serai retournée à mon ancienne maison ? lui demanda sa maîtresse en essuyant ses larmes.

— Ouh ! ouh ! s’il vous plaît, n’en faites rien, s’écria Tilly, renversant sa tête et faisant entendre une sorte de hurlement qui lui donnait une singulière ressemblance avec Boxer. Ouh ! ouh ! n’en faites rien ! Ouh ! qu’est-il donc arrivé à tout le monde, que tout le monde s’en va et quitte tout le monde, laissant tout le monde désolé ?… Ouh ! ouh !… »

La sensible Slowboy allait faire éclater enfin un gémissement déplorable, un gémissement longtemps con-