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LES CARILLONS.

— Oui, sans doute, nous y pensons, monsieur, dit Richard ; nous nous pressons, voyez-vous, de peur que l’on supprime aussi le mariage.

— Ah ! reprit Filer avec un gros soupir. Supprimez cela, en effet, alderman, et vous ferez quelque chose de bien. Se marier ! se marier ! L’ignorance des premiers principes de l’économie politique chez ces gens-là, leur imprévoyance, leur immoralité, suffiraient, par le ciel, pour… Mais regardez donc ce couple, regardez-le ! »

Ma foi, Richard et Meg valaient bien la peine qu’on les regardât, en effet ! et jamais couple ne fut mieux assorti pour le mariage.

« Un homme vivrait jusqu’à l’âge de Mathusalem, dit M. Filer, il travaillerait toute sa vie pour le bien-être de ces gens-là, il entasserait faits sur chiffres et chiffres sur faits, il en entasserait des montagnes, qu’il lui faudrait encore désespérer de leur persuader qu’ils n’avaient que faire de naître et venir au monde. C’est cependant une vérité : il y a longtemps que nous l’avons réduite à une certitude mathématique. »

L’alderman Cute s’amusait extrêmement, et posant l’index de sa main droite sur une de ses narines, il sembla dire à ses deux amis : Observez-moi maintenant, ayez l’œil sur l’homme-pratique ; puis appelant Meg :

« Approchez ici, ma fille, » dit l’alderman Cute.