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LES CARILLONS.

nue une dernière fois, et que je me suis trouvé face à face avec elle, que pouvais-je faire ?

— Vous l’avez vue ! s’écria Meg ; vous l’avez vue ! Ah ! Lilian, ma chère fille ! ah ! Lilian ! Lilian !

— Je l’ai vue, continua Richard, plutôt en suivant lentement le cours de sa propre réflexion que pour répondre à Meg. Elle était là, tremblante… Comment est-elle, Richard ? m’a-t-elle dit. Parle-t-elle toujours de moi ? Est-elle maigrie ? Mon ancienne place à table ?… qu’y a-t-il à mon ancienne place ? et le métier sur lequel elle m’apprit à broder… l’a-t-elle brûlé, Richard ? Voilà ce qu’elle m’a dit. Elle était là ! »

Meg étouffa ses soupirs, et, les yeux inondés de larmes, se pencha pour écouter sans perdre une parole.

Richard resta accoudé sur ses genoux et penché en avant de sa chaise, comme si ce qu’il disait eût été écrit en caractères à peine lisibles sur le parquet, hésitant même quelquefois comme s’il avait quelque embarras à les déchiffrer. Il continua :

« Je suis tombée bien bas, Richard, m’a-t-elle dit, et vous devez comprendre combien j’ai souffert en me voyant renvoyer cette bourse, puisque je me décide à vous la rapporter encore moi-même. Mais vous l’avez aimée autrefois — beaucoup aimée, si j’ai bonne mémoire. On s’est interposé entre elle et vous… des craintes, des jalousies, des doutes, des piqûres d’a-