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LES APPARITIONS DE NOËL.

montrais les ombres de ce qui fut ; je ne puis faire qu’elles soient autre chose.

— Emmenez-moi, s’écria Scrooge, je ne puis le supporter davantage. »

Ce disant, Scrooge se tourna vers l’Esprit et vit qu’il le regardait avec un visage dans lequel, par un singulier prodige, il retrouvait des airs de tous les visages qu’il lui avait montrés.

« Laissez-moi, lui dit-il, ou ramenez-moi : assez, assez. »

Et lui-même il cherchait à entraîner l’Esprit sans pouvoir vaincre sa résistance, quoi qu’il ne semblât pas opposer le moindre effort dans cette espèce de lutte. Mais observant en même temps que la lumière de sa tête brillait de plus en plus, et lui attribuant l’influence que l’Esprit exerçait sur lui, il s’empara par un mouvement soudain de l’éteignoir et l’en couvrit.

L’esprit s’affaissa tellement sous ce chapeau fantastique, qu’il disparut presqu’en entier ; mais Scrooge eut beau enfoncer, il ne put étouffer toute la lumière qui rayonnait sur le sol.

Il éprouvait aussi un épuisement et une somnolence qui le privaient de ses propres forces. En même temps il eut la conscience d’être dans sa chambre à coucher. Après un dernier effort sur l’éteignoir, il n’eut que le temps de rouler sur son lit et s’y plongea dans un profond sommeil.