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LE CRICRI DU FOYER.

— Quand il s’est levé, quand j’ai senti entrer dans la chambre cette brillante lumière contre laquelle j’ai presque peur d’aller me heurter en marchant, j’ai tourné vers elle la petite plante, et j’ai béni le ciel qui nous a fait des choses si précieuses, et je vous ai béni, vous, qui me les envoyez pour me faire plaisir. »

— Folle comme une échappée de Bedlam ! dit à demi-voix Tackleton ; nous en serons bientôt aux menottes et gilets de force. Cela va vite ! »

En l’écoutant, Caleb, les mains lâchement accrochées l’une dans l’autre, roulait des yeux égarés, comme s’il eût presque pensé lui-même que Tackleton avait fait quelque chose pour mériter ces tendres remercîments. Si Caleb eût été libre en ce moment d’agir à sa volonté, et si, sous peine de mort, il lui eût fallu choisir entre chasser le marchand de joujoux à coups de pied ou tomber à ses genoux, je crois que dans son trouble il eût été fort indécis. Cependant Caleb savait bien que c’était lui-même qui avait apporté à Berthe le petit rosier, et que c’était lui qui avait forgé l’innocente déception qui empêchait sa fille de soupçonner toutes les privations qu’il s’imposait tous les jours, afin de la rendre moins malheureuse.

« Berthe ! dit Tackleton, affectant, pour la première fois, un peu de cordialité, venez ici.

— Ah ! répondit-elle, je puis aller droit à vous. Vous n’avez pas besoin de me guider.