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LE CRICRI DU FOYER.

créature, toute pleine de son importance de matrone, à qui il était essentiel de ne laisser rien découvrir.

« Apportez-moi notre poupon chéri, Tilly, dit-elle en plaçant une chaise près du feu ; pendant que je le tiendrai sur mes genoux, voici Mrs Fielding, Tilly, qui m’apprendra à soigner les enfants, et me renseignera sur une vingtaine de choses que j’ignore complètement. Le voulez-vous bien, Mrs Fielding ? »

Vous souvenez-vous du géant gallois dont l’intelligence était si lourde — selon la légende populaire — que dans sa stupide émulation il n’hésita pas à exécuter sur lui-même une fatale opération chirurgicale, en croyant imiter le tour de jongleur que faisait devant lui son ennemi mortel, à l’heure du déjeuner ? Eh bien ! ce géant lui-même ne se laissa pas prendre plus facilement au piège que la vieille dame à l’adroite ruse de Dot. Il était temps. Tackleton était allé faire un tour dehors ; deux ou trois personnes de la société avaient causé entre elles dans un coin, abandonnant Mrs Fielding pendant deux minutes à ses propres ressources. C’en était assez pour provoquer toute sa dignité et lui faire encore déplorer pendant vingt-quatre heures cette mystérieuse révolution dans le commerce de l’indigo qui avait influé si fatalement sur sa fortune. Mais une déférence si flatteuse pour son expérience, de la part de la jeune mère, fut si irrésistible, qu’elle commença à l’instruire de la meilleure grâce du monde : elle vint s’asseoir devant la mé-