Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/118

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Je fis bien des sommes à bâtons rompus dans la malle-poste, et bien des rêves incohérents où se retrouvaient toutes ces pansées et ces souvenirs. Mais quand je me réveillais de temps à autre, j’avais le bonheur de reconnaître par la portière de la voiture, que le gazon que je voyais n’était pas celui de la récréation de Salem-House et que le bruit que j’entendais n’était plus celui des coups que Creakle administrait à Traddles, mais celui du fouet dont le cocher touchait ses chevaux.


À la pointe du jour, en arrivant à l’auberge où s’arrêtait la malle poste (ce n’était pas celle dont je connaissais trop bien le garçon), on me mena dans une petite chambre très-propre sur laquelle était inscrit le nom de Dauphin. J’étais gelé en dépit de la tasse de thé chaud qu’on m’avait donnée, et du grand feu près duquel je m’étais installé pour la boire, et je me couchai avec délices dans le lit du Dauphin, en m’enveloppant dans les couvertures du Dauphin jusqu’au col, puis je m’endormis.

M. Barkis, le messager, devait venir me chercher à neuf heures. Je me levai à huit heures, un peu fatigué par une nuit si courte, et j’étais prêt avant le temps marqué. Il me reçut exactement comme si nous venions de nous quitter quelques minutes auparavant, et que je ne fusse entré dans l’hôtel que pour changer une pièce de six pence.

Dès que je fus monté dans la voiture avec ma malle, le conducteur reprit son siège et le cheval partit à son petit trot accoutumé.

« Vous avez très-bonne mine, monsieur Barkis, lui dis-je, dans l’idée qu’il serait bien aise de l’apprendre. »

M. Barkis s’essuya la joue avec sa manche, puis regarda sa manche comme s’il s’attendait à y trouver quelque trace de la fraîcheur de son teint mais ce fut tout ce qu’obtint mon compliment.