Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/253

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ma tante pour considérer ces sinuosités de serpent qu’il imprimait à tout son corps, depuis les pieds jusqu’à la tête.

« …Une dame très-aimable, monsieur Copperfield, reprit-il ; elle a une grande admiration pour miss Agnès, je crois, monsieur Copperfield ? »

Je répondis « oui, » hardiment, sans en rien savoir : Dieu me pardonne !

« J’espère que vous pensez comme elle, monsieur Copperfield, dit Uriah ; n’est-il pas vrai ?

— Tout le monde doit être du même avis là-dessus, répondis-je.

— Oh ! je vous remercie de cette remarque, monsieur Coppnrfield, dit Uriah Heep ; ce que vous dites là est si vrai ! Même dans l’humilité de ma situation, je sais que c’est si vrai ! Oh ! merci, monsieur Copperfield ! »

Et il se tortilla si bien que, dans l’exaltation de ses sentiments, il s’enleva de son tabouret et commença à faire ses préparatifs de départ.

« Ma mère doit m’attendre, dit-il en regardant une montre terne et insignifiante qu’il tira de sa poche ; elle doit commencer à s’inquiéter, car quelque humbles que nous puissions être, monsieur Copperfield, nous avons beaucoup d’attachement l’un pour l’autre. Si vous vouliez venir nous voir un jour et prendre une tasse de thé dans notre pauvre demeure, ma mère serait aussi fière que moi de vous recevoir. »

Je répondis que je m’y rendrais avec plaisir.

« Merci, monsieur Copperfield, dit Uriah, en posant son livre sur une tablette. Je suppose que vous êtes ici pour quelque temps, monsieur Copperfield ? »

Je lui dis que je pensais que j’habiterais chez M. Wickfield tout le temps que je resterais à la pension.

— Ah ! vraiment ! s’écria Uriah ; il me semble que vous avez beaucoup de chances de finir par devenir associé de M. Wickfield, monsieur Copperfield ?  »

Je protestai que je n’en avais pas la moindre intention, et que personne n’y avait songé pour moi ; mais Uriah s’entêtait à répondre poliment à toutes mes assurances : « Oh !que si, monsieur Copperfield, vous avez beaucoup de chances ! » et « Oui, certainement, monsieur Copperfield, rien n’est plus probable ! » Enfin quand il eut terminé ses préparatifs, il me demanda si je lui permettais d’éteindre la bougie, et sur ma réponse affirmative, il la souffla à l’instant même. Après m’avoir