Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/355

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dans des albums, je crois. Ah ! ah ! ah ! ma parole d’honneur, tout l’édifice social (comme disent ces messieurs quand ils font des discours au parlement) ne repose que sur des ongles de princes, » dit cette petite femme en essayant de croiser les bras et en secouant sa grosse tête.

Steerforth riait de tout son cœur et moi aussi. Miss Mowcher continuait à branler la tête qu’elle portait de côté et à regarder d’un œil en l’air, pendant qu’elle clignait de l’autre.

« C’est bel et bon, dit-elle en frappant sur ses petits genoux et en se levant, mais tout cela ne fait pas les affaires. Voyons, Steerforth, une exploration des régions polaires et finissons-en. »

Elle choisit alors deux ou trois de ses légers instruments avec une petite fiole et demanda, à ma grande surprise, si la table était solide. Sur la réponse affirmative de Steerforth, elle approcha une chaise, et me demandant de lui donner la main, elle monta assez lestement sur la table comme sur un théâtre.

« Si l’un de vous a vu le bas de ma cheville, dit-elle, une fois arrivée en sûreté, il n’a qu’à le dire, et je vais me pendre.

— Je n’ai rien vu, dit Steerforth.

— Ni moi, ajoutai-je.

— Eh bien ! alors, s’écria miss Mowcher, je consens à vivre. Allons, mon fils, venez vous mettre entre les mains de l’exécuteur. »

Steerforth cédant à son appel, s’assit le dos contre la table, et tournant de mon côté son visage, il soumit sa tête à l’examen de la naine évidemment sans autre but que de nous amuser. C’était un curieux spectacle que de voir miss Mowcher penchée sur lui et examinant ses beaux cheveux bruns, à l’aide d’une loupe qu’elle venait de tirer de sa poche.

« Vous faites un joli garçon allez ! dit miss Mowcher après un court examen ; sans moi vous seriez chauve comme un moine avant la fin de l’année. Je ne vous demande qu’une dernière minute, et je vais laver vos cheveux avec une eau qui vous les conservera dix ans. »

En même temps elle versa le contenu de sa fiole sur un petit morceau de flanelle, puis imbibant de la même préparation une des petites brosses, elle commença à frotter la tête de