Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/418

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je demandai à M. Spenlow quelle était, selon lui, la meilleure espèce d’affaires dans la profession. Il me répondit qu’un bon procès sur un testament contesté, quand il s’agissait d’une petite terre de trente à quarante mille livres sterling, était peut-être ce qu’il y avait de mieux. Dans une affaire de cette espèce, il y avait d’abord à chaque phase de la procédure, une bonne petite récolte de profits à faire par voie d’argumentation ; puis les dossiers de témoignages s’entassaient les uns sur les autres à chaque interrogatoire pour et contre, sans parler des appels qu’on peut faire d’abord à la Cour des délégués et de là à la Chambre des lords ; mais comme on est à peu près sûr de retrouver les dépens sur la valeur de la propriété, les deux parties vont gaillardement de l’avant, sans s’inquiéter des frais. Là-dessus il se lança dans un éloge général de la Cour des Commons. « Ce qu’il y a le plus à admirer dans la Cour des Doctors’-Commons, disait-il, c’est la concentration des affaires. Il n’y a pas de tribunal aussi bien organisé dans le monde. On a tout sous la main, dans une coquille de noix ; Par exemple, on porte devant la Cour du consistoire une affaire de divorce, ou une affaire de restitution. Très-bien. Vous commencez par essayer de la Cour du consistoire. Cela se passe tranquillement, en famille ; on prend son temps. À supposer qu’on ne soit pas satisfait de la Cour du consistoire, que fait-on ? On va devant la Cour des arches. Qu’est-ce que la Cour des arches ? La même Cour, dans le même local, avec la même barre, les mêmes conseillers ; il n’y a que le juge de change, car le premier juge, celui de la Cour du consistoire, peut revenir plaider ici, quand cela lui convient, devant la Cour des arches, comme avocat. Ici, on recommence le même jeu. Vous n’êtes pas encore satisfait. Très-bien. Alors, que fait-on ? On se présente devant la Cour des délégués. Qu’est-ce que la Cour des délégués? Eh bien ! les délégués ecclésiastiques sont les avocats sans cause, qui ont vu le jeu qui s’est joué dans les deux Cours ; qui ont vu donner, couper et jeter les cartes ; qui en ont parlé à tous les joueurs, et qui, en conséquence, se présentent comme des juges tout neufs à l’affaire pour tout régler à la satisfaction de tout le monde. Les mécontents peuvent parler de la corruption de la Cour, de l’insuffisance de la Cour, de la nécessité d’une réforme dans la Cour mais, avec tout cela, dit solennellement M. Spenlow, en terminant, plus le boisseau de grain est cher au marché, plus la Cour a d’affaires évoquées devant elle, et on peut dire au monde entier,